jeudi 3 mai 2012


Petit livre de conversations épatant avec ce génie de l'architecture du XXe siècle.

"Ah mais c'est que j'ai aussi eu ma période pragmatique ! Par exemple, à un moment donné je voulais me construire une maison, et quand je l'imaginais je n'avais qu'une seule idée en tête : que l'on puisse entièrement la laver au jet ! Je ne voulais plus d'aspirateurs, plus de moquettes. Je trouvais cela arriéré et rétrograde. C'était surtout à mes yeux un effroyable instrument d'aliénation de la femme en général et de la femme de ménage en particulier. Donc je voulais une maison entièrement lavable au jet. Évidemment, je n'ai jamais eu l'argent pour faire ce truc-là... Mais même là il y avait quelque chose. C'était le jet, le ruissellement, donc l'utilisation de la gravité terrestre. Et un jour, pendant que l'on admirait en coupe le dessin de l'église de Nevers, et qu'on se félicitait réciproquement de la beauté et de la douceur des pentes, Virilio a dit : "Puisque cela nous emballe, j'ai trouvé : il faut vivre sur des plans inclinés ! " C'est lui qui l'a formulé ! Je le reconnais bien volontiers. J'ai dit oui tout de suite, mais j'ai ajouté : "Écoutez, quand même, donnez-moi jusqu'à demain, que je dorme..." Parce qu'il fallait tout de même s'engager ! "À la vie, à la mort" comme on dit ! Déjà que l'on ne m'aimait pas beaucoup, que l'on me suspectait de tout... Je voulais quand même la nuit pour réfléchir. J'étais certain de perdre tous mes clients... et c'est d'ailleurs ce qui s'est passé !"

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