lundi 23 avril 2012

Toutes directions : un rond-point ?


    J'ai reçu ce matin mon double 33 tours du nouveau disque du grand Bertrand Burgalat. J'en suis bien content, d'abord parce qu'en ce lendemain de 1er tour super gris, c'est bien le truc le plus positif qui me soit arrivé. Ensuite, parce que la pochette est très belle, ce qui n'est pas rare chez Tricatel mais là c'est pas loin d'être la mieux. Et comme je suis un assoiffé du son du Monsieur, la parution de chacun de ses disques est toujours en soi une bonne nouvelle.
Seulement, je comprends un peu mieux à chaque livraison à la fois pourquoi j'y reviens mais aussi pourquoi je m'en détache toujours plus.
Immense fan de l'Âge d'Or de Tricatel, je déplore depuis une petite dizaine d'années le manque de pertinence de beaucoup de sorties du label.  L'avenir était autrefois plus prometteur, à la belle époque d'"Au coeur de Tricatel", "Valérie Lemercier chante", "Chrominance Decoder".
 J'ai le sentiment que outre les soucis d'ordre financier rencontrés avec Tricatel, l'éternel problème de Mr. Burgalat c'est de trop vouloir le succès. Ce qui est d'ailleurs un paradoxe car la confidentialité de ses productions a toujours été pleinement assumée. Que Tricatel se batte pour que ses disques soient vus et entendus, c'est évidemment normal. Mais aller jusqu'à calibrer ses productions pour gagner des passages télés, là c'est plutôt bêtassou. Selon l'intéressé, ses incartades avec la vraie Variété l'auraient fait beaucoup progressé. Je crois au contraire que cela n'a fait que gangréner sa prodigieuse puissance féérique et son immense clarté émotionnelle.


    Il y a eu les sorties franchement navrantes, comme les Shades ou ce truc stupide de Showgirls, qui m'ont fait presque me désintéresser du label (que je suivais comme un forcené, sachez-le). Mais plus grave encore, l'orientation electro-disco des 3/4 de "Chérie B.B." et de la moitié de "Toutes directions". Ces morceaux aux tempi rapides et enjoués ont la seule vertu de nous témoigner d'un Bertrand pour qui tout roule, qui est à une période heureuse de sa vie (la paternité, la cinquantaine pépère, que sais-je encore...). Nous sommes très content pour lui, mais de quel droit devons-nous nous contenter de chansons qui ne parlent, pour ainsi dire, de rien, qui ne tentent rien ou si peu, dont le mixage a été surtout pensé pour les radios, et où les arrangements laisseraient presque à désirer (ce qui est un comble pour un Burgalat reconnu par d'aucuns comme notre Burt Bacharach à nous, notre Cole Porter national, notre Mancini, notre John Barry, et j'en passe). Les textes sont pour la plupart remplis d'inutilités, de jeux de mots à quat'sous et d'explorations de champs lexicaux "pour le fun", et tout ça n'aborde rien en profondeur. Il y a tout de même "Sous les colombes de granit" signée Marie Moor, qui est une chanson réellement impressionnante. Bertrand chante du point de vue de sa mort même et c'est toute la magnificence de la vie qui transparaît. Ce texte donnerait envie de mourir tout les jours, d'une certaine façon. Mais le reste ce ne sont que trop souvent des mignonneries chics, voire pire, des tentatives vaines de pondre un truc sexy qui ne lui vont pas du tout ("Bardot's dance", machin presque beauf, ou l'impensable "Survet vert et mauve") et qu'on aurait honte de fredonner sous la douche. Bon mais il y a tout de même ces quelques autres chansons très très très bien malgré tout, même sublimes, comme "Réveil en voiture", "Dubaï my love", "Berceuse", texte signée Alfie Benge, "Too Much" et "Tout me fait rire", mais voilà c'est la petite moitié cosmique de l'album. Bon, "Sentinelle mathématique" n'est pas mal non plus.

 

    Et c'est hélas bien souvent le cas sur un album de Bertrand, trois-quatre pépites pas plus, et le reste est passable. Ce qui est terriblement dommage quand on sait le potentiel du bonhomme. Même dans une chanson mineure, combien d'idées lumineuses fourmillent en 3 minutes ? Au moins mille et une. Mais ici, ce ne sont que trop de guitares funky et de batteries à la production moderne qui servent d'assises à des harmoniques véritablement varièt'. Certains ponts ou certaines mélodies vocales m'évoquent parfois des choses comme Françoise Hardy 80's, Alain Souchon, Francis Cabrel voire François Valéry...

   Prenez ses autres albums : on remarque que la pochette est toujours impecc' et que l'introduction instrumentale est le moment le plus formidable du disque. Bertrand pourrait faire un album rempli de titres comme "Balises pour centre d'écoute", "Examen de conscience", ou "Toutes directions", ce serait un disque grandiose. Mais au lieu de ça, après les promesses de grandes choses en même pas 80 secondes, on se retrouve parfois dépité avec des trucs qui ne nous inspirent pas grand chose, sinon un "Mal de Bright", comme sur "Chérie B.B.".
"Portrait-robot" est une exception, ce disque regorge de tubes à foison et les textes y sont pour la plupart assez intéressants et même très curieux.

    Selon moi, donc, tout le problème vient de cette fâcheuse envie de succès, d'où l'orientation discoïde, un peu pour rejoindre Katerine... Mais dans le cas de quelqu'un qui au fond n'a pas grand chose à dire ce serait plutôt peine perdue. Bon je ne dis pas que pour avoir du succès il faut avoir quelque chose à dire, non, plutôt j'imagine que généralement le succès marche avec la putasserie. Et Bertrand putassier, limite vulgaire comme sur "Bardot's dance", c'est du gâchis.
Autrefois, en entretien, Bertrand parlait beaucoup de rock prog et disait quelque chose comme "la musique c'est le rêve", en pensant à des groupes comme Can ou Kraftwerk. Depuis j'ai toujours attendu que Bertrand enregistre de la vraie musique de rêve, cosmique, spatiale. Mais le sujet n'a été que brièvement abordé. Il y avait un avant-goût de ça dans la merveilleuse "Aux Cyclades Electronique", pour moi son plus beau morceau, espèce de tube intemporel qu'on croirait avoir toujours connu, ou sur "Jalousies et Tomettes", impressionnant et bouillonnant jam avec un Richie Thomas féroce à la batterie. Les concerts avec l'A.S. Dragon n'étaient je l'espérais alors qu'une ébauche vers un zénith de transes synthétiques sucrées et d'improvisations sauvages et psychédéliques. Je crois aussi que Burgalat excellerait dans la musique concrète, enfin c'est un fantasme d'auditeur...
 

dimanche 22 avril 2012

Givors ma ville

 "Le Vieux Givors au pied de sa colline, a été longtemps pleuplé de mariniers. Hommes du fleuve, rompus à la vie sur les bateaux, les rudes givordins aimaient s'affronter et extérioriser leurs forces au cours de tournois de joutes nautiques. L'ambiance en était remarquable, aidée par la bonne chère, et le vin qui a cette occasion coulait un peu plus qu'à l'accoutumé. L'entrée en lice des jouteurs, leurs impressionnants efforts, et quelques fois le bris des lances, étaient saluées par des airs empruntés parfois à des auteurs connus, et adaptés aux athlètes, leur brio, leurs défauts, leurs origines."
(extrait de l'introduction d'un 45 tours de la Barquette de Givors, la fanfare municipale)

J'ai passé mon enfance à Givors, jusqu'à la 3e.
  J'ai retrouvé cet album, édité par la mairie en supplément du bulletin municipal Vivre à Givors de décembre 1988, qui m'a beaucoup marqué à force de l'avoir tant feuilleté. C'est une ville au bord du Rhône, à 25km de Lyon, de 20 000 habitants, les Givordins et les Givordines. Malgré la raffinerie de Feyzin toute proche, son port pétrolier, ses usines, et corollairement sa pollution, elle s'avère passionnante à beaucoup de points de vue (historique, urbanistique, architectural et social) avec les Étoiles de Jean Renaudie, le château Saint-Gérald du XIIe siècle, le Gibus et toute sa signalétique, les jouteurs, la médiathèque Max-Paul Fouchet, ses deux gares, celle de Givors-Ville et celle de Givors-Canal, le pont de Chasse, et sa mairie communiste depuis 1953, avec Camille Vallin (1953-1993) et Martial Passi (1993-). D'ailleurs les résultats du premier tour à Givors donnent Hollande et Mélenchon en premières positions...

 
La Poste de Givors est très belle. Les salles du Paris, le cinéma longtemps tenu par Mme Flacher, sont celles où j'ai connu mes premiers bouleversements cinématographiques à 4 ans (avec comme premiers films vus : "L'Ours", "Oliver & Cie", "La gloire de mon père", "La petite sirène"...).



Cette carte postale vient d'Architectures de cartes postales

 Le pimpant Bibliobus, avec sur la droite mon professeur de cycle Mr. Jeannot Grelait.

 La rue Roger Salengro.
 Vue grandiose sur la zone commerciale, Givors fut une ville-test pour les magasins Carrefour et McDonalds. Aujourd'hui, cette zone s'est encore étendue par rapport à cette image. Le parking au premier plan a été remplacé par un Mondial Moquette, un Feu Vert, une station-service.
 Les moquettes de la médiathèque sont un peu ma madeleine. Je suis quasiment certain de connaître la dame qui regarde les nouveautés.

dimanche 15 avril 2012

Grand Momo, part.3 - Perceval


Ce fus au tans qu'arbre florissent,
Foillent bochaische, pré verdissent
Et cil oisel an lor latin
Docemant chantent au matin
Et tote riens de joie enflame,
Que li filz a la veve dame
De la gaste forest soutaine
Se leva et ne li fu paine
Que il sa sele ne meïst
Sor un chaceor et preïst
Trois javeloz et tot ensin
Ors do menoir sa mere issi
Et pansa que veoir iroit
Hercheors que sa mere avoit
Qui ses avaines li erchoient.
Bues .X. et .V. erches avoient.
Ensi en la foret s'en entre.
Tot maintenant li cuers do ventre
Por lo dous tanz li resjoï
Et por lo chant que il oï
Des oisiaus qui joie faisoient.

LA


 

mardi 10 avril 2012

Un petit tour à Firminy Vert

 

Ce lundi de Pâques, je suis passé par Firminy Vert avant d'aller prendre mon train. Peu de temps pour bien visiter mais je reviendrai.
Firminy Vert c'est le plus vaste complexe architecturale du maître le Corbusier en Europe. Voici devant vous, la magnifique église Saint-Pierre qui ne fut achevée qu'en 2007 par Jean Oubrerie.




Le sommet et les cônes de lumière. L'écho en ce lieu est profond et dure très longtemps. L'église la plus apaisante du monde. Il n'est pas nécessaire d'être croyant pour apprécier le sacré.  

 
La constellation d'Orion, et l'autel

La base laissée à l'abandon pendant des années est plus foncée et le chapeau nouveau est plus blanc. On peut être amoureux du vieillissement du béton armé.
 
L'entrée de la maison de la culture, fermée ce jour, et en travaux.




Vue du stade, fermé itou.


Vue de l'église

La piscine.

 

Votre serviteur profite d'un banc pour admirer les h.l.m. là-bas. Il n'aura pas le temps de passer voir l'unité d'habitation, la prochaine fois...